Pollution de l’air intérieur : ce qu’il faut faire et ne pas faire

Pollution de l'air intérieur : ce qu'il faut faire et ne pas faire

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    Si l’aération est à coup sûr la première des solutions pour mieux respirer à la maison, d’autres précautions peuvent être prises, dès la construction ou la rénovation de maison pour limiter la dispersion des polluants volatils dans l’air intérieur de la maison. Dans ce dossier en deux volets, nous reviendrons en premier lieu, sur les principales sources de pollutions de l’air intérieur et leurs effets sur la santé, puis nous nous arrêterons sur les matériaux à privilégier pour mieux respirer dans la maison, et nous effectuerons un rapide tour d’horizon des étiquetages pour faire les bons choix.

    Pollution de l’air intérieur : de quoi parle-t-on ?

    Si la pollution extérieure, formalisée par les fameux « pics » à certaines périodes de l’année en zone urbaine est souvent à la une des médias, un autre type de pollution est encore plus à craindre : c’est la pollution de l’air intérieur. Pourquoi plus à craindre ? D’une part, parce que nous passons plus de 80 % de notre temps à l’intérieur (22 heures sur 24 en moyenne, dont environ 16 heures au domicile), et d’autre part, parce que la pollution de l’air intérieur est quasi invisible dans la majorité des cas ! Ces pollutions peuvent être soit d’origine naturelle (moisissures, champignons, acariens, pollens, poils d’animaux, radon), soit d’origine chimiques ou associées (COV, CO2, particules fines, amiante, plomb).

    La pollution de l’air intérieur d’origine naturelle

    • les moisissures : Partie immergée de l’iceberg, les moisissures, seule source de pollution réellement visible, sont des champignons microscopiques (pollution fongique). Elles apparaissent lorsque le logement est trop humide, soit du fait d’une mauvaise aération des pièces d’eau notamment, soit du fait d’une fuite d’une canalisation, soit encore du fait d’un problème d’infiltration. Environ 40 % des logements en France sont touchés par des moisissures plus ou moins prononcées. Le contact régulier avec des moisissures provoque des problèmes respiratoires. Lire à ce sujet notre article Vaincre l’humidité à la maison.
    • les pollens, les acariens, les poils d’animaux : Allergènes bien connus, les pollens s’invitent en masse dans la maison au printemps. A l’origine des rhinites allergiques (rhume des foins), le pollen est une pollution naturelle invisible. Autre allergène connu, les acariens sont des petites bêtes microscopiques qui se nichent essentiellement dans la poussière. Ils sont responsables de 40 % des allergies et provoquent des gènes respiratoires et des réactions allergiques plus ou moins conséquentes. Les poils d’animaux (chiens, chats), sont également bien connus pour être des allergènes provoquant des réactions plus ou moins importantes selon le degré de sensibilité.
    • le radon : Gaz radioactif d’origine naturelle, le radon est inodore et incolore. Il provient des sous-sols granitiques et organiques (Auvergne, Limousin, Franche Comté, Corse, Bretagne) et s’infiltre dans les habitations par le sol et s’accumule dans les espaces fermés. Une exposition régulière à ce gaz provoque le cancer du poumon (entre 1 200 et 2 900 décès par an en France selon les chiffres du Ministère de l’Environnement).

    La pollution de l’air intérieur d’origine chimique

    • les composés organiques volatils (COV) : Le formaldéhyde, l’acétaldéhyde, le toluène, le tetrachloroéthylène, le xylène, le triméthylbenzène, le dichlorobenzène, l’éthylbenzène, le butoxyéthanol, et le styrène, tous ces composés aux noms barbares sont regroupés sous l’abréviation COV pour composés organiques volatils. Ils proviennent essentiellement des matériaux de construction, des peintures, vernis, solvants, etc, mais aussi du tabac et de certains produits ménagers, des bougies d’intérieur, des cosmétiques, etc. A forte dose, ces composants invisibles sont toxiques.
    • les particules fines : Provenant du trafic routier, des rejets des véhicules, mais aussi des systèmes de chauffage par combustion (chaudière bois), les particules fines sont toxiques à fortes doses pour la santé. Elles provoquent notamment des maladies cardiovasculaires, des problèmes respiratoires et sont cancérigènes.
    • le monoxyde de carbone (CO2) : Expulsé à chaque respiration par chacun d’entre nous, le CO2 est surtout rejeté par les appareils de chauffage mal réglés. Il provoque à petites doses des maux de tête, et des difficultés respiratoires, mais à fortes doses, il peut entrainer la mort..
    • l’amiante : Minéral à texture fibreuse utilisé dans l’industrie, l’amiante a tendance à partir en poussière quand elle est dégradée. Une exposition à ces poussières provoque de fortes lésions des poumons.
    • le plomb : Utilisé pendant longtemps dans la fabrication des peintures, le plomb est un métal lourd qui, comme l’amiante, est particulièrement toxique lorsqu’il est dégradé. Il s’accumule en effet dans l’organisme (saturnisme) et provoque des lésions irréversibles.

    Limiter la pollution de l’air : les bons gestes

    Dans la très grande majorité des cas, les pollutions de l’air peuvent être minimisées voire même éradiquées en adoptant des gestes simples et de bons sens.

    Le premier de ces gestes bien sûr est d’aérer. Il est ainsi recommandé d’ouvrir les fenêtres au moins ½ heure par jour, et ce tous les jours, surtout l’hiver. Pourquoi aérer ? Pour diluer les pollutions qui peuvent atteindre pour certains polluants une concentration jusqu’à 15 fois supérieure à l’intérieur qu’à l’extérieur, L’aération vient en complément de la ventilation du logement. Elle s’opère de préférence conjointement ou après utilisation de l’eau (après la douche, pendant la préparation des repas, etc) afin de limiter la concentration d’humidité responsable des moisissures. De même, il faut aérer lorsque l’on fait des travaux de bricolage (utilisation de peinture, de solvant, etc), et lorsque l’on fait le ménage pour limiter la concentration des COV.

    Le second geste indispensable est d’entretenir son installation de ventilation. Pour mémoire, la ventilation permet de renouveler l’air en assurant une circulation générale et permanente. Selon les cas, la ventilation peut être naturelle (entrées et sorties d’air via des bouches et des grilles d’aération) ou mécanique (VMC simple flux ou double flux). Dans les deux cas, les entrées et sorties d’air doivent être laissées libres. Un dépoussiérage régulier est nécessaire pour que l’air circule bien. La vérification périodique de la VMC (tous les 3 ans) est également recommandée.

    A noter : La ventilation est une obligation légale (arrêtés du 24 mars 1982 et du 28 octobre 1983) pour tous les logements postérieurs à 1982, collectifs ou individuels. L’aération doit être générale et permanente, la circulation d’air doit se faire depuis des entrées d’air situées dans les pièces principales jusqu’à des sorties, dans les pièces de service. Des débits réglementaires sont exigés.

    La façon la plus sûre de les obtenir est d’installer une VMC.

    Troisième geste essentiel : limitez les pollutions à la source. En effet, si aérer et ventiler permet de diluer les polluants, cela ne les élimine pas ! En cas de problèmes respiratoires persistants, de mauvaises odeurs, etc, la solution la plus efficace est d’agir directement sur les sources de pollution après les avoir identifiées. Évitez ainsi de fumer à l’intérieur de votre logement, préférez pour le nettoyage des produits naturels comme le savon noir, le vinaigre blanc, etc. Pour lutter contre les odeurs tenaces, préférez là aussi des produits naturels comme les huiles essentielles plutôt que les sprays du marché. Idem pour les produits cosmétiques bien sûr, choisis plus particulièrement dans les gammes bio, sans paraben, sans parfum, etc.

    Les matériaux à privilégier contre les allergènes

    Les cas d’allergies sont en constante augmentation depuis deux décennies. En cause : La pollution extérieure mais aussi et surtout la pollution de l’air intérieur ! Pour limiter les risques liés aux facteurs d’allergies, le principal élément à combattre reste la poussière. En effet, dans la poussière l’on trouve classiquement des acariens. Ces petites bêtes microscopiques sont fortement allergènes. Elles se nichent essentiellement dans les recoins chauds et humides, là où l’on trouve aussi traditionnellement les champignons et les moisissures.

    Contre les allergènes, les matériaux à privilégier sont notamment : les sols durs comme le carrelage et le linoléum, et dans une moindre mesure le parquet qui présente des coins et recoins à chaque latte. Les sols à bannir sont les moquettes et les tapis. Pour les murs, le meilleur matériau reste la peinture lessivable à préférer à la moquette et la tapisserie.

    Les matériaux à privilégier contre les COV

    Les composés organiques volatils abrégés en COV regroupent globalement un vaste ensemble de substances volatiles plus ou moins toxiques pour l’homme dont principalement le formaldéhyde, l’acétaldéhyde, le toluène, le tetrachloroéthylène, le xylène, le triméthylbenzène, le dichlorobenzène, l’éthylbenzène, le butoxyéthanol, et le styrène. Toutes ces substances ont pour principales caractéristiques d’être volatiles, c’est-à-dire qu’elles ont l’aptitude de se propager plus ou moins loin de leur lieu d’émission au moment de leur utilisation mais aussi après, et de contenir au moins un atome de carbone associé à des atomes d’hydrogène, d’oxygène, d’azote, de soufre, d’halogènes, de phosphore, de silicium. Toxiques en fortes concentration, les COV entrent dans la composition de nombreux produits courants du marché comme les parfums d’intérieur, les produits de bricolage (peintures, colles, solvants, vernis, vitrifiants, cires, décapants, diluants, laques, etc…), certains matériaux de construction (laines de verre, de roche, etc), mais aussi les cosmétiques, les produits ménagers, etc.

    Contre les COV, les matériaux à privilégier sont notamment le bois brut (non traité), le métal brut, le verre, etc. Les matériaux à manier avec précaution, c’est-à-dire avec des protections adéquates pendant la pose, et une bonne aération pendant au moins 1 mois, sont ceux qui ont subit un traitement (anti-UV, anti-tâche, anti-humidité, etc), ceux qui utilisent des solvants ou des durcisseurs, etc (résine, peintures), des colles (contreplaqués), des dégraissants, etc.

    En un clin d’oeil :

    • Le formaldéhyde est essentiellement présent dans les panneaux de particules, l’aggloméré, les mousses isolantes, les moquettes, les textiles, les colles, les peintures, les cosmétiques, la fumée de tabac…
    • Les éthers de glycol sont essentiellement présents dans certaines peintures «à l’eau», les encres, les vernis, les colles, les produits d’entretien, les diluants, les cosmétiques…
    • Les hydrocarbures (benzène, toluène, xylène, styrène, octane, trichloréthylène…) sont essentiellement présents dans les produits de bricolage, les meubles, la fumée de tabac, les peintures, les vernis, les colles, les encres, les moquettes, les insecticides, les matières plastiques, les isolants, les détachants…

    Depuis le 1er janvier 2012, tous les produits de construction et de décoration sont obligatoirement munis en France d’une étiquette spécifique COV. Celle-ci  indique, de manière simple et lisible, le niveau d’émission en polluants volatils de chaque produit. Les produits concernés sont les produits de construction ou de revêtements de parois amenés à être utilisés à l’intérieur des locaux, ainsi que les produits utilisés pour leur incorporation ou leur application. Sont ainsi concernés par cet étiquetage spécifique les cloisons, les revêtements de sols, les isolants, les peintures, les vernis, les colles, les adhésifs, etc dès lors que l’utilisation est prévue à l’intérieur.

    A noter : L’étiquetage complète une autre mesure, qui interdit dans la fabrication des produits de construction et décoration les composés cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction de catégories 1 et 2 (trichloréthylène, benzène, phtalate de bis et phtalate de dibutyle).

    L’étiquette COV reprend la même signalétique que les étiquettes énergies. Ainsi, le niveau d’émission du produit est indiqué par une classe allant de A+ (très faibles émissions) à C (fortes émissions).


    A noter :  L’étiquetage COV porte sur les émissions de composés organiques volatils « déterminées en regard du produit posé, incorporé ou appliqué dans une pièce (et non lors son déballage, ouverture ou application). » Il s’agit bien là des émissions attendues après coup sous l’effet notamment de la chaleur. L’information apportée par l’étiquette est donc destinée à l’occupant de la pièce et non à la personne qui applique ou met en œuvre le produit.

    Les matériaux à privilégier contre les autres polluants

    Les autres polluants de l’air intérieur que sont notamment le CO2, les particules fines, mais aussi le radon, ou encore l’amiante et le plomb nécessitent pour chacun des précautions spécifiques :

    Le CO2 et les particules fines : Le monoxyde de carbone est un gaz inodore et invisible qui peut en forte concentration mener à l’asphyxie. Une forte concentration de CO2 dans un logement provient essentiellement du dysfonctionnement d’un appareil à combustion (chauffage, chauffe-eau vétuste ou mal entretenu).  Concernant les particules fines, elles proviennent essentiellement de la mauvaise combustion d’un appareil de chauffage au bois (foyers fermés et poêles anciens, cheminées ouvertes). Pour limiter les risques de pollution au CO2, la seule solution est d’entretenir, voire de faire changer, l’appareil défectueux pour un plus propre (pompe à chaleur, chaudière moderne, poêle à bois récent, etc). Pour les particules fines, la solution est d’investir dans un foyer fermé ou un poêle récent. Des ramonages réguliers sont également plus que recommandés. Le bois brûlé doit aussi être de bonne qualité (bannir le brûlage de bois humide ou traité, peint, vernis…). L’autre impératif est également d’aérer régulièrement le logement, et de vérifier la bonne marche du système de ventilation naturelle ou mécanique (VMC) de la maison.

    Le radon : Ce gaz inodore et incolore est radioactif. D’origine naturelle, il est produit par les entrailles terrestres et remonte à la surface dans les zones essentiellement granitiques et volcaniques (Auvergne, Limousin, Franche Comté, Corse, Bretagne). En forte concentration, ce gaz est très toxique. Pour limiter son action, une aération régulière est obligatoire, mais aussi selon les degrés de remontée, un calfeutrage systématique de toutes les fissures et les passages de canalisations à l’aide de colles silicone, de ciment, d’une membrane sur une couche de gravillons recouverte d’une dalle en béton, etc).

    L’amiante et le plomb : Ces deux toxiques largement utilisés dans la construction autrefois (dalles de plafonds, isolants pour l’amiante, et peinture et canalisations pour le plomb) sont nocifs dans l’air intérieur uniquement lorsqu’ils se dégradent et partent en poussière.  Pour limiter les risques, une dépose des matériaux par des spécialistes est parfois nécessaire.