Double vitrage ou triple vitrage pour rénover ses fenêtres ? La question est délicate, car elle appelle de nombreuses réponses, parfois contradictoires, de la part des différents spécialistes de la rénovation énergétique. Alors, faut-il remplacer sans attendre ses fenêtres à double vitrage par du triple vitrage au nom du gain énergétique ?

Double vitrage ou triple vitrage : ce n’est pas qu’une question de verre !

A première vue, la réponse est simple : si le double vitrage permet de faire des économies d’énergie, alors le triple vitrage devrait diminuer encore plus la facture. Eh bien, ce n’est pas toujours vrai !
Face aux arguments contradictoires de nombreux spécialistes, des ingénieurs énergéticiens ont souhaité faire un calcul théorique, en faisant entrer plusieurs facteurs en ligne de compte : le climat, l’orientation de la maison, la qualité du châssis des fenêtres, et même la propreté des vitres !
Pour 3 situations différentes, et quelle que soit la région où la maison est implantée (Lille, Brest ou Marseille, par exemple), le constat global reste le même : il n’est pas toujours bénéfique d’installer du triple vitrage. Sur les parties d’une maison exposée plein sud, il semblerait même que l’utilisation du triple vitrage apporte plus d’inconvénients que d’avantages. Côté nord, en revanche, le triple vitrage permet à chaque fois de réelles économies énergétiques.
Comment expliquer ce résultat ? En général, une façade exposée plein sud, même dans une région peu ensoleillée, gagne plus d’énergie qu’elle n’en perd. En installant un triple vitrage, on a tendance à bloquer cet apport énergétique venu de l’extérieur. On peut cependant estimer que dans une région très chaude l’été, le triple vitrage permet de conserver une maison plus fraîche. Attention, cependant, il s’agit de calculs théoriques. Pour estimer le bénéfice réel d’un triple vitrage, il faut pouvoir réaliser une simulation dynamique de la maison, c’est-à-dire une simulation tenant compte de la réaction de la maison aux stimuli extérieurs, au jour le jour.
En réalité, la qualité du vitrage n’est pas seule en cause dans le niveau d’isolation d’une maison : ainsi, il est inutile de poser du triple vitrage sur des fenêtres mal conçues, ou dans une maison où les murs et la toiture sont en mauvais état. Il faut également tenir compte du coût d’installation du triple vitrage, plus important que celui du double vitrage : l’économie énergétique doit être suffisamment importante pour justifier l’investissement !

Double ou triple vitrage, quelle différence ?

Pour un vitrage performant, il faut trois couches : une couche de verre, une couche d’air, puis une autre couche de verre. C’est ce qu’on appelle de double vitrage, puisque deux couches de verre sont utilisées. Pour un triple vitrage, il faut ajouter une couche de verre, ainsi que deux couches d’isolant. 

Quand un vendeur de fenêtres vous propose du double ou triple vitrage, il vous indiquera le nombre et l’épaisseur des vitres, ainsi que le nombre et l’épaisseur des couches d’isolant. Cet isolant peut être tout simplement de l’air ou du gaz argon ou krypton. 

Un double vitrage sera étiqueté par trois chiffres, de type 4/16/4. Ils indiquent l’épaisseur en millimètres des trois couches. S’il s’agit d’un triple vitrage, ce sont trois feuilles de verre qui vont se superposer, avec de l’air entre les lames. Le verre comporte donc 5 chiffres. Il existe deux types de doubles vitrages selon leur degré d’isolation thermique :

• Isolation renforcée (VIR), composé d’une lame d’air.
  
• Isolation thermique renforcée (ITR), composé d’une lame de gaz argon ou plus rarement de krypton.

Un vitrage acoustique possède non seulement plusieurs lames, mais l’une des vitres sera plus épaisse, donnant par exemple les chiffres 4/16/8.

Quel gain entre double et triple vitrage ?

Les doubles ou triples vitrages ont, effectivement, une forte résistance thermique et phonique, et, ce qui est plus important pour certains, une meilleure résistance à l’effraction. Ce dernier point est particulièrement vrai pour le triple vitrage.

Côté économies d’énergie, les deux types de verre sont des vitrages performants. La valeur du coefficient thermique du double vitrage (Ug) est de 1,1 tandis que celle du triple vitrage est de 0,8. Or, plus le coefficient est bas, plus la performance thermique est importante. Le triple vitrage est donc un produit très isolant et particulièrement indiqué pour une construction neuve. 

Plus précisément, le triple vitrage augmente les performances d’isolation de près de 40%.

Triple vitrage : quels inconvénients ?

Le triple vitrage possède trois inconvénients majeurs :

• son prix, qui rend ce produit difficilement accessible à tout un chacun, même avec des aides financières, Il faut compter environ 150 euros/m2, hors pose, pour un double vitrage, alors que le triple vitrage se vend plutôt aux alentours de 250 euros/m2.
  
• son poids, qui ne permet pas de l’installer dans tous les types d’encadrement, Les encadrements en PCV ou en aluminium peuvent être concernés. Trois couches de verre pèsent bien sûr plus. En effet, il faut compter 30 kg/m² pour du triple vitrage contre 20 kg/m² pour le double vitrage, soit une augmentation de 50% de la masse. En conséquence, ce type de vitrage nécessite des appuis de fenêtres plus solides. Son utilisation en rénovation est donc souvent impossible, car il est inadapté aux menuiseries classiques. Cette augmentation du poids rend également le travail plus pénible pour les professionnels du bâtiment. Enfin, l’intégration de la troisième paroi vitrée engendre l’augmentation de l’épaisseur du dormant et de l’ouvrant d’au moins 20 mm, soit une augmentation de la matière première nécessaire de 20 à 25%. Il y a donc une surconsommation des matières premières.
  
• sa coloration, légèrement teintée, qui restreint les apports solaires.

Quel vitrage pour une bonne isolation phonique ?

Si le double et le triple vitrage ont un impact indéniable sur la réduction du bruit venant de l’extérieur, il existe des vitres particulièrement adaptées selon les problématiques. 

Contre le bruit : le vitrage acoustique

Le vitrage avec renforcement acoustique se compose d’une vitre intérieure plus épaisse que la vitre extérieure, afin de réduire la pénétration des bruits à l’intérieur du logement. C’est pourquoi le vitrage acoustique ou phonique est également appelé vitrage asymétrique.  Le bruit extérieur est réduit de 25 à 40 décibels, et, ce qui est encore plus étonnant, le double vitrage phonique divise la sensation de bruit par deux pour l’oreille humaine par rapport au double vitrage standard. 

Pour tout comprendre sur le devis, deux normes peuvent vous orienter sur ces vitrages performants.  La norme Acotherm classe les menuiseries entre AC1 et AC4, avec là l’indice AC4 qui offre la meilleure isolation phonique. A cela s’ajoute l’indice d’affaiblissement acoustique Rw qui renseigne sur le degré d’isolation phonique d’une fenêtre. Plus le Rw est élevé, meilleure est l’isolation phonique.

Contre la chaleur : le vitrage à contrôle solaire

Sur un double vitrage standard, la vitre intérieure est recouverte d’une couche de sels métalliques sur sa face interne (argent ou oxydes métalliques). En réfléchissant les infrarouges des rayons du soleil, cette surface limite le transfert de chaleur, de l’intérieur vers l’extérieur du logement. Si cela ne suffit pas, optez pour la solution du vitrage à contrôle solaire. La couche de sels métalliques de ce modèle est plus épaisse que sur le double vitrage, et se situe sur la face interne de la vitre extérieure. Tout en vous garantissant une luminosité optimale, cette surface de réflexion de chaleur régule la température intérieure en bloquant les rayons en été. Pendant les saisons froides, l’effet est inverse. Le verre à contrôle solaire joue donc le rôle d’une isolation thermique complémentaire et vous offre un confort d’été et d’hiver augmenté.

La sécurité, un avantage du triple vitrage ?

Certes, poser des fenêtres à trois couches de verre, et donc très épaisses, ralentit les cambrioleurs. Elles peuvent être considérées comme vitrages anti-effractions. Mais cet investissement n’est pas l’unique choix qui s’ouvre pour augmenter le coefficient sécurité de votre logement et en particulier pour équiper les baies vitrées qui donnent sur le jardin, et qui sont souvent fragiles.

Il existe des vitrages spéciaux, les vitrages feuilletés. Dans ce cas, l’une des vitres est composée de plusieurs couches de verre, séparées entre elles par un film plastique. Extrêmement résistant face à la casse volontaire ou accidentelle, le double vitrage feuilleté est légèrement plus épais qu’un double vitrage classique, sans atteindre le poids d’un triple vitrage. Là encore, il existe des normes qui permettent de s’orienter dans les devis. Les modèles qui offrent la meilleure sécurité sont les vitrages feuilletés classés entre P1A et P5A (de 6 à 10 mm d’épaisseur), ou entre P6B et P8B (de 10 à 27 mm d’épaisseur).

En conclusion, quel impact du choix du vitrage sur la facture de chauffage ?

Avec un double vitrage, vous baissez déjà la facture de chauffage de 15% ! Le rapport qualité/prix explique la domination du double vitrage sur le marché des verres spéciaux, puisque le triple vitrage améliore les déperditions d’énergie, mais pour un prix élevé pour des travaux de rénovation énergétique. Rappelons cependant que pour atteindre le niveau d’efficacité des maisons passives, il faut investir de manière plus globale. Pour bénéficier des aides financières, optez dans tous les cas pour un professionnel RGE (Reconnu Garant de l’Environnement), qui mènera les travaux dans les règles de l’art, comme Camif Habitat.